[Parcours 2] Scientifiques, quel engagement ?

[Re]connaissance
©Cédric Jacquot

Seul un quart des Français estime avoir une culture scientifique satisfaisante, contre 45 % des Américains et 54 % des Allemands1. On ne peut donc que constater que la culture scientifique des Français est mal en point. Ce constat est d’autant plus inquiétant que nous vivons dans une société où le citoyen est de plus en plus souvent amené à se prononcer sur des choix qui relèvent de la science. On peut se demander si cet « illettrisme scientifique » est lié à l’enseignement scolaire ou aux autres accès à la culture scientifique. Peu importe : il faut plus que jamais intensifier les actions de culture scientifique. Les médiateurs scientifiques sont bien sûr en première ligne et parmi eux, les scientifiques-médiateurs – chercheurs, enseignants‑chercheurs, ingénieurs… Mais l’engagement des scientifiques dans la médiation reste assez rare. Pour quelles raisons ?

Le scientifique-médiateur est souvent perçu aujourd’hui par les professionnels comme un ovni. Il navigue dans le no man’s land servant de frontière entre deux mondes, celui de la recherche et celui de la médiation.

Vu du monde de la recherche, le scientifique-médiateur remplit pourtant sa mission : la popularisation des sciences est en effet très officiellement l’une des missions des universités et des organismes de recherche. Mais en pratique, cette activité est peu valorisée lors des évaluations par les pairs, même si la situation s’améliore petit à petit. Pire encore : il arrive qu’elle soit confondue avec une activité de communication, dans laquelle le scientifique ne se retrouve pas.

Vu du monde de la médiation, le scientifique est avant tout un expert de son domaine, hyper spécialisé. Il fournit la matière première brute, et le médiateur la met en forme pour interagir avec la société. Le scientifique-médiateur n’a donc pas sa place dans ce monde : à chacun son métier ! Et pourtant, le scientifique est en permanence confronté à cet exercice, lorsqu’il faut expliquer la science et la rendre compréhensible dans le cadre de son enseignement ou lors d’interactions avec des chercheurs étrangers à son domaine d’activité.

On peut donc arriver à cette situation paradoxale dans laquelle le scientifique, qui a développé un projet abouti de médiation scientifique, se retrouve isolé. Pourtant, son apport au monde de la médiation peut être réel, car il l’aborde avec une autre perspective : il vient avec son vécu de la recherche, sa passion de la science et son attachement viscéral à la transmission des fondements même de la méthode scientifique, en particulier la démarche expérimentale. Les collaborations entre scientifiques et médiateurs existent, mais elles pourraient être bien plus nombreuses. Et surtout, en s’associant plus étroitement, leur complémentarité pourrait mener à l’émergence de nouvelles formes de médiation, encore plus innovantes et attractives.

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Retrouver ce thème au congrès de l’Amcsti 2019

Ce sujet sera abordé lors du 37è congrès de l’Amcsti, qui aura lieu les 3, 4 et 5 juillet 2019 à Caen, en collaboration avec Le Dôme sur le thème « [Re]connaissance ».

Il sera traité dans le parcours 2 : « La science ouverte » / sous-parcours « L’engagement des scientifiques »
Construit et animé par Hélène Fischer (Institut Jean Lamour) et Daniel Hennequin (Unisciel).

Pour voir le programme du parcours
Pour retrouver les articles concernant les 6 parcours du congrès

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  1. Sondage IFOP de juillet 2018 : « La science vue par les Français – Volets français et international ». Rapport disponible sur https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2018/10/115725-Rapport-03.09.2018-1.pdf.

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