La CSTI au défi des territoires

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L’association « C’est dans l’aire » ambitionne de développer la culture scientifique, technique et industrielle, dans des territoires ruraux et pour des publics éloignés des grands centres de production du savoir.

C’est dans l’aire porte le projet Territoires de la culture scientifique, lauréat du Programme des investissements d’avenir. Elle rassemble cinq centres de science 1 aux fortes convergences, implantés dans cinq régions différentes. Ce projet a constitué, pour ces derniers, une occasion unique de penser collectivement le maillage de leur territoire respectif. Ils ont pu ainsi, et avec le soutien de leurs collectivités et partenaires locaux, mutualiser des outils de CSTI itinérants et adaptés à la diffusion en milieu rural.

Outils mutualisés et diffusion

Dans un premier temps, le projet Territoires de la culture scientifique s’est concentré, d’une part, sur la production d’outils nomades mutualisés et, d’autre part, sur la construction d’équipements « socles » : lieux d’accueil du public, avec salles d’exposition, ateliers de découverte scientifique et Fab Labs, ateliers de fabrication et de stockage. Dans un second temps, à mi-parcours, le projet a intégré une nouvelle dimension, celle de la diffusion proprement dite des outils réalisés. Et c’est dans ce qui est devenu – d’une certaine manière – un laboratoire d’expérimentation dédié à toutes les étapes de la dissémination et du maillage territorial, que les cinq centres ont pu et continuent à partager expertises et bonnes pratiques, à réfléchir ensemble à la mise en place de méthodologies efficientes
et d’évaluations communes, à se professionnaliser. Et ce, avec une constante : le souci de contribuer à l’équité des territoires et se placer résolument dans une démarche d’amélioration continue.

Des journées d’étude « Les pratiques de diffusion dans les territoires : outils de la diffusion et développement des réseaux » ont rassemblé en août 2016 à Mulhouse les équipes des centres. Ces dernières ont ainsi pu confronter leurs réflexions et expériences, et débattre avec les responsables d’autres centres partenaires 2 invités pour témoigner d’exemples inspirants et contribuer à l’ingéniosité collective. Les pratiques« hors les murs », en vue de mailler le territoire, résument assez bien la double vie que nous menons, puisque nous agissons :

  • en tant qu’acteurs culturels, avec la création et l’animation par nos soins, d’outils culturels dans nos territoires (voire dans notre propre lieu s’il existe) ;
  • mais aussi en tant qu’acteurs, mobilisateurs voire coordinateurs de réseaux en territoires, s’appuyant sur des relais (institutions ou personnes), nécessaires pour démultiplier notre action culturelle et contribuer à la diffusion de nos outils.

Ces activités de nature différente sont complémentaires et nous devons les articuler. L’action culturelle semble s’inscrire dans la proximité. En effet, pour la diffusion de nos outils ou pour des actions telles que le Colporteur des sciences (Pavillon des sciences, Lacq Odyssée, Nef des sciences), Savoir en partage (Lacq Odyssée), le Programme alimentation-santé (Carbet des sciences), nous sommes arrivés aux mêmes conclusions : l’aller-retour d’un animateur doit pouvoir se faire sur la journée. Le temps passé en transport ne doit pas pénaliser et grever celui consacré à l’animation. Faute de quoi, on ne s’inscrit ni dans l’efficience, ni dans le développement durable. On peut dire alors que l’action culturelle se joue dans la proximité et que l’échelle raisonnable et optimale est celle du département.

La coordination de réseau est possible dans la proximité mais aussi – et c’est tout son intérêt – sur un plus grand territoire, qui peut être la région, voire la grande région aujourd’hui, voire encore au-delà si l’on s’appuie sur des outils numériques, comme les webcasts Science on tourne qui s’adressent aux lycéens de nos territoires, mais recrutent aussi jusqu’à Berlin, Moscou, Tanger ou Djakarta !

S’appuyer sur des réseaux ou les créer

Soit nous nous appuyons sur des réseaux ou dispositifs (qui sont à l’origine de réseaux) existants, soit nous les créons et les développons. S’appuyer sur des réseaux existants s’avère souvent être la solution la plus pertinente et l’une des clés d’une diffusion réussie : éducation nationale au niveau rectorat (DAAC, IPR), IA ou IEN, CDI d’établissements scolaires, doctorants, associations de professeurs, bibliothèques départementales de prêt (BDP) et médiathèques (nos partenaires privilégiés en territoire), agences régionales de santé (ARS), offices du tourisme, concours, etc. L’idée est bien de faire de l’entrisme dans ces réseaux, suivant en cela le conseil de notre collègue de Centre sciences dont l’activité en territoires est particulièrement bien structurée, qui nous invite « à faire le coucou » pour « faire un coucou ». Il est intéressant de constater que nos centres ne mobilisent pas tous les mêmes réseaux, pour la simple raison qu’ils ne les ont pas forcément tous identifiés. Un état des lieux commun permettrait à chacun et en fonction de ses besoins, de les mobiliser tous, de les hybrider ou de les approcher de manière ciblée.

Cette activité de coordination de réseaux mobilisés par les centres, s’impose si l’on veut faire rayonner et démultiplier notre action culturelle, car nos moyens humains et financiers sont limités, tout comme – on l’a vu plus haut – notre périmètre géographique d’intervention. C’est ainsi que nous sommes amenés à « déléguer notre action culturelle » in fine à d’autres acteurs. Mais cela pose la question de la formation des personnes qui prennent le relais. Elle est revenue de façon récurrente lors de nos Journées d’étude, tout comme celle de la formation de formateurs. Dans ce cas aussi, il y aurait grand intérêt à faire un état des lieux de nos pratiques dans ces deux domaines.

Une autre question a été abordée : dans la mesure où plusieurs de nos centres gèreront à l’issue du financement PIA un lieu d’accueil des publics, comment concilier et mener de front la gestion de ce lieu et la diffusion hors les murs (que nous continuons à vouloir mener de façon volontariste), deux activités, l’une centripète, l’autre centrifuge, qui semblent s’exclure l’une l’autre ? Peut-être en faisant de ces lieux les bases-arrières, les « hubs », les vitrines des pratiques déclinées en territoires sachant que « le public fait rarement plus de trente kilomètres pour se rendre dans un centre de sciences ».3 Trouver les moyens de pérenniser cette activité de diffusion hors les murs, mission d’intérêt général, relève de notre responsabilité et de notre ambition. Nous avons à l’inscrire dans nos stratégies et nos partenariats, pour l’équité de nos territoires et de nos publics.

  1. Carbet des sciences, Saint Joseph, Martinique / Centre sciences, Orléans, Centre-Val de Loire / Lacq Odyssée, Mourenx, Nouvelle Aquitaine / Nef des sciences, Mulhouse, Grand Est / Pavillon des sciences, Montbéliard, Bourgogne – Franche-Comté
  2. Accustica, CCSTI de Laval, CERCo- Université de Lorraine, Jardin des sciences-Université de Strasbourg, OCIM, Science Animation
  3. Enquête réalisée par le Réseau Hubert Curien dans le cadre de la Fête de la science 2008, citée par le projet PIA lorrain CERCo)

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