Du condor d’Alcide d’Orbigny à « Ayni »

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Au premier étage du Muséum de La Rochelle, le condor d’Alcide d’Orbigny attire l’attention du visiteur lorsqu’il pénètre dans la salle des voyageurs, pourtant il ne connaît pas son histoire.

Arrivé en 1936, donné au Muséum de La Rochelle par l’association des naturalistes de Levallois dont faisait partie Etienne Loppé, le conservateur de l’époque, le condor provenait d’une donation de 180 oiseaux de tous genres offerts par le professeur Bourdelle au nom du Muséum national d’Histoire naturelle. Le condor d’Alcide d’Orbigny avait rejoint le Muséum national dans les années 1830 et voici le début de son histoire.

Le 4 avril 1829, le naturaliste Alcide d’Orbigny explore le littoral de Patagonie au sud de la ville de Carmen et raconte ceci : « … j’avais vu plusieurs condors, ces fameux vautours des Andes, planer, en suivant la falaise, ou bien se reposer sur les assises avancées de cet énorme mur naturel. Mes gens m’avaient aussi assuré qu’ils habitaient tous les points de la côte où il y avait des troupes de loups marins, qui les attirent, par la curée qu’ils leur offrent continuellement, après leurs sanglants débats. Je fus d’abord étonné de trouver cet oiseau en Patagonie, croyant que leurs seuls lieux d’habitation étaient les sommets neigeux des Andes. (…) j’avais très envie de me procurer cet oiseau, si rare en Europe à l’instant de mon départ. »

Ainsi, notre naturaliste prit la décision de chasser cet oiseau afin de le ramener avec lui au Muséum national à Paris. Lors de la restauration du Muséum de La Rochelle en 2007, le condor d’Alcide prit la place qu’il occupe actuellement. Par sa présence, il informe de l’existence de son espèce et témoigne également de sa première rencontre avec l’Homme.

Depuis cette expédition, de nombreux changements se sont opérés. Le condor des Andes fascine toujours autant ceux et celles qui ont la chance de croiser sa route, mais aujourd’hui, une prise de conscience, en lien avec le statut actuel de l’oiseau, invite à une toute autre démarche, celle d’une préservation.

C’est dans cette dynamique qu’en 2015, l’Académie de fauconnerie du Grand Parc du Puy du Fou a été à l’initiative d’un projet de réintroduction. Ayni, jeune condor des Andes né le 06 juillet 2014 au sein du Puy du Fou, a été relâché dans la Sierra Paileman en Argentine par le biais de la fondation BioAndina Argentina. Afin de témoigner de cette belle aventure, les deux institutions, en relation depuis 2007, ont été suivies par les équipes de Jean-Roch Meslin, réalisateur et ami du Muséum de La Rochelle au cours d’un reportage nommé « Ayni, l’odyssée du condor ».

Le site de réintroduction d’Ayni se situant non loin du lieu où a été prélevé le condor d’Alcide d’Orbigny, c’est tout naturellement, qu’un rapprochement s’est effectué entre le Muséum et l’Académie de fauconnerie donnant lieu à une soirée événement. Après une présentation de l’histoire du condor d’Alcide d’Orbigny par Christian Moreau, correspondant du Museum de La Rochelle, le reportage sur Ayni a été diffusé. Le public a ensuite pu questionner les équipes du Muséum et de l’Académie de fauconnerie sur leur travail.

Ce qui fut pris en 1829 fut rendu en 2015. Le condor d’Alcide continue de faire l’admiration des visiteurs du Muséum de La Rochelle, alors qu’Ayni a contribué au repeuplement des condors andins.

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