Christine Welty

[Re]connaissance
Christine Welty et Mélanie Debèvre

Faire grandir une entreprise humaine ne se fait pas sans conviction, sans travail et sans étape(s) marquante(s). C’est par ce prisme que Mélanie Debèvre a interrogé Christine Welty à propos de la fin de sa carrière professionnelle.

Christine, nous nous sommes rencontrées pour la première fois il y a 11 ans, lors d’une réunion nationale pour la Fête de la science. Tu étais en poste depuis une quinzaine d’années : comment était le paysage de la CSTI à tes débuts ?

Nous étions beaucoup moins nombreux, car tous les centres de science n’étaient pas encore créés. L’Amcsti était déjà en place et nous (la Nef des sciences, ndlr) étions adhérents. Il y avait moins de professionnels car les formations en culture scientifique se sont développées plus tard. L’Université de Haute-Alsace a été l’une des premières à se positionner sur ce type de formation. Le diplôme que j’avais obtenu, en culture scientifique technique et artistique, option muséologie, faisait partie des premiers du genre.

Le début des années 90 était pour moi l’âge d’or de la CSTI. Hubert Curien était ministre de la Recherche, et le ministère, qui gérait la gouvernance nationale de la CSTI, disposait d’un véritable département dédié à notre mission.

Comment as-tu vécu ces années à la tête de la Nef des sciences ?

Au fil des années, la Nef des sciences a gagné en professionnalisme. Elle s’appelait au début CESTIM (Centre de culture scientifique technique et industrielle de Mulhouse), et avait été créée pour coordonner les musées techniques de Mulhouse (automobile, chemin de fer…). Le challenge a été de se maintenir dans le paysage face à ces grands musées. Mais nous avons su nous positionner pour devenir un CCSTI quand le mouvement a été lancé. Et plusieurs années plus tard, en 2008, nous avons obtenu le label « Science, culture et innovation » remis par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Quels ont été les faits marquants pour la CSTI ?

Cette question est difficile car le regard que je porte est forcément corrélé à ma carrière. Pour moi, le mouvement décentralisé de création des CCSTI en région pendant la préfiguration de la Cité des sciences et de l’industrie a été essentiel. La labellisation des centres a été aussi une étape forte, même si malheureusement elle n’a pas été poursuivie au-delà de 2010. Plus récemment, les Investissements d’avenir ont participé à impulser une nouvelle dynamique dans notre réseau.

Quelles dates importantes de ta carrière retiendrais-tu ?

1993 marque la création du tandem pour développer la Nef des sciences : notre Président Gérard Binder est élu, je suis nommée officiellement à la direction et nous modifions les statuts. La Nef prend ainsi un nouveau tournant et en 1997, Pierre Bernard, graphiste renommé, crée notre identité visuelle.

2007 est celle d’une nouvelle aventure : je participe à la mise en place du protocole de labellisation des CCSTI en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

L’année 2009 a été riche car, outre la gestion de la Nef des sciences, j’ai commencé à beaucoup m’investir au sein de l’Amcsti.

Je retiens évidemment 2013, lorsque la Nef est devenue lauréate des Investissements d’avenir.

2015 est aussi une année importante pour moi car je reçois la légion d’honneur qui représente une belle reconnaissance du travail accompli pendant près de 30 ans, en lien avec toute l’équipe de la Nef des sciences.

Enfin, je retiendrai 2019 avec la signature de notre convention avec les collègues du Grand-Est, l’inauguration de nos nouveaux locaux et bien sûr mon passage de flambeau.

Peux-tu nous raconter l’un de tes meilleurs souvenirs ?

Ils sont nombreux ! Alors je vais choisir celui de la signature du protocole de labellisation en 2007. J’étais novice sur ce type de cérémonie, et François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, a fait preuve de beaucoup d’humour pour m’expliquer, geste à l’appui, la pose qu’il convenait de prendre pour la photo souvenir d’un tel évènement.

Revenons sur ta présidence de l’Amcsti de 2009 à 2012 : quelles actions as-tu menées pendant ces quatre années ?

Ma priorité en accédant à la présidence de l’Amcsti a été de rapatrier les locaux et l’équipe (initialement à Dijon) à Paris, afin de pouvoir développer nos actions de lobbying.

À ce moment-là, la gouvernance de la CSTI était en pleine mutation et nous avons opéré un rapprochement avec Universcience, à qui le ministère avait confié la coordination nationale de la CSTI. Cela nous a ensuite permis de collaborer autour du projet ESTIM, lauréat des Investissements d’avenir, et de doter l’Amcsti de nouveaux moyens financiers, ainsi que d’un poste de direction, conditions nécessaires à son développement.

Enfin, pour toi l’enjeu se situe où aujourd’hui ?

Il faut avoir à l’esprit qu’en matière de CSTI, rien n’est jamais acquis : il faut constamment se battre pour être reconnu et avoir les moyens de mener nos missions au bénéfice des publics.

J’espère que la Nef des sciences continuera à aller de l’avant, et que l’Amcsti poursuivra son développement pour peser encore plus lourd sur le plan national, car nous avons besoin d’un organisme transversal et fédérateur pour réunir les différentes familles de la CSTI.

Ce que j’aime aujourd’hui, c’est de voir de jeunes collègues arriver dans le réseau. Je suis satisfaite car la relève est au rendez-vous. Nous sommes plus nombreux, il y a plus de professionnels et cela contribuera à assurer une meilleure reconnaissance du champ de la CSTI.

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